lire le livre Outdoor art

Comment l’art et la politique se croisent-ils ? Peut-on parler de démocratie en art ? Les mots utilisés en politique ont-ils un sens en art ? L’ambition de ce livre est de répondre à ces questions en nous invitant à déambuler dans le monde entier pour observer, comprendre, aimer ou détester les sculptures contemporaines installées en extérieur : l’Outdoor Art. On n’a pas d’hésitations sur les objectifs politiques des commanditaires des statues publiques au classicisme pompeux installées tout au long du XIXe siècle ou, pire, des monuments fascistes ou staliniens : un art situé dans un espace placé sous l’autorité de la puissance publique vers lequel il faut faire converger les gens pour qu’ils communient et fusionnent dans un sentiment d’« identité nationale ». Les statues sont séparées par leur socle de l’espace où sont les bâtiments et les passants. Elles sont indifférentes ou hostiles à leur environnement. Le pouvoir s’y donne à voir pour impressionner, intimider : les spectateurs doivent lever la tête vers ce qui est puissant. Ce livre nous propose de nous aventurer dans un autre univers artistique : celui de l’Outdoor Art qui suscite des expériences en accord avec nos principes démocratiques de liberté, d’individualité, d’égalité et de justice. L’Outdoor Art coopère avec l’environnement tout en le modifiant. Il crée des lieux où on a envie de se promener, explorer, jouer. Ces lieux deviennent communs : ils assemblent sans dominer. Nous ne sommes plus des spectateurs ou des consommateurs mais des visiteurs appelés à exercer tous leurs sens. Les colonnes de Buren installées au Palais-Royal ou la fontaine de Tinguely et Nikki de Saint-Phalle à Beaubourg sont des exemples connus. Mais il y en a des milliers d’autres, dont Joëlle Zask nous fait découvrir la subtilité, de Parmiggiani à De Maria, de Nils-Udo à July, de Hirschhoorn à Oppenheim en passant par les mémoriaux dédiés à la destruction des juifs d’Europe. L’enjeu est esthétique, politique et social : voulons-nous dominer le monde en y posant un regard utilitaire et dominateur allant jusqu’à la destruction de l’environnement ? Ou refusons-nous d’être dominé ou dominateur en faisant le choix d’être en interaction avec les lieux où nous vivons ? Vous ne vous promènerez plus de la même manière après avoir lu ce livre.