lire le livre Anna Quinquaud : Voyage dans les années 30

Il faut imaginer l'extraordinaire que représente, en 1925, une jeune femme seule sur les pistes du continent africain. Cette femme, c'est Anna Quinquaud (1890-1984), sculptrice, Prix de Rome, qui, à cette récompense prestigieuse préfère l'incertitude de l'aventure lointaine. Indépendance d'esprit, refus des conventions, si Anna appartient au système officiel qui lui offre bourses de voyage, commandes publiques et reconnaissance de la nation, jamais pourtant en Afrique elle ne fera montre de colonialisme. Son oeuvre est un témoignage et un hommage aux populations rencontrées. Jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, le succès sera au rendez-vous : participation aux grandes expositions, commandes de bas-reliefs et collaboration avec Sèvres et Quimper. Cet ouvrage la remet en pleine lumière et retrace son itinéraire. Anna Quinquaud (1890-1984) est la fille de Thérèse Caillaux, élève de Rodin. Premier Second Grand prix de Rome, l'artiste choisit l'Afrique plutôt que la villa Médicis. Accompagnée de ses porteurs pour toute compagnie, l'artiste s'immergea dans la découverte d'un continent qui s'avéra être pour elle une puissante source d'inspiration. C'est à contre-courant de son époque qu'elle inscrit sa relation avec le continent africain et ce sont des témoignages respectueux de sa terre d'adoption que la sculptrice rapporte : bustes et statuettes, hommages d'une retenue extrême, entre sérénité et mélancolie, te succès est au rendez-vous (grandes expositions dans les années 30, critiques élogieuses) et les commandes officielles abondent : bas-reliefs de la fauverie du jardin des Plantes, du palais de Chaillot et du Musée d'art moderne de la ville de Paris, mais aussi sculptures monumentales des cathédrales de Dakar et de Casablanca... L'évolution de l'art vers des courants abstractionnistes, mais aussi la décolonisation, auront provisoirement raison du succès d'Anna Quinquaud. Une mise à l'écart auquel cet ouvrage splendide met un terme définitif.